Introduisons la réponse à cette question par quelques chiffres :
- 433 millions d'Africains se trouvent en situation d'extrême pauvreté, soit 36% de la population globale
- 100 millions d'Africains font face à l'insécurité alimentaire, au sein d'un continent qui détient également 60% des terres arables inexploitées dans le monde
- 400 millions d'Africains subsahariens n'ont pas accès à l'eau potable
D'un point de vue positif, ces données numériques montrent à juste titre que l'Afrique est un laboratoire naturel et propice à l'application des aspirations solutionnistes de l'intelligence artificielle : ces idées qui promettent la résolution technologique de tous les maux de la société, allant de la pauvreté à une meilleure gestion de l'eau, en passant par l'optimisation des rendements agricoles. C’est précisément pour cette raison que le continent noir est de plus en plus un marché convoité, au sein duquel émergent de nombreuses initiatives/solutions IA, en réponse aux questions de l'eau, de l'agriculture, etc. Selon le cabinet de recherche PWC, l’Afrique (couplée à l’Océanie et à certaines économies asiatiques sous-développées) pourrait concentrer, d’ici 2030, 1200 milliards de dollars des revenus générés par le marché de l'intelligence artificielle, soit 5 % de l'apport mondial (15 700 milliards de dollars).
Ce potentiel, qui reste tout de même modeste comparativement à la part de la Chine et des États-Unis d'Amérique (ces deux pays concentreront 70% de l'apport mondial), est une aubaine pour la jeunesse africaine, à condition que celle-ci se positionne comme actrice, à la fois productrice et consommatrice, de cette nouvelle économie numérique, en accord avec ses besoins socio-économiques et culturels.
Il est important de rappeler que 31% des 420 millions de jeunes Africains (âgés entre 15 et 25 ans) sont sans emplois, et 35% s'illustrent dans le domaine vulnérable de l'emploi informel. Face à ce constat, nous sommes convaincus, à la suite de Lindiwe Matlali, que la solution pour résoudre cette problématique de l'emploi des jeunes reste l'entrepreneuriat et l'innovation. D’où l’importance, point de chute de notre raisonnement, d’initier la jeunesse africaine à l'entrepreneuriat de l'IA : cet entrepreneuriat qui associera l'intelligence artificielle à la résolution des problématiques socio-économiques de l'Afrique.
C’est tout là le sens de notre programme de formation qui a commencé le 12 janvier 2022, en collaboration avec Impact IA Foundation et le Lycée Joss.
Pour ce projet pilote, 21 jeunes (11 filles et 10 garçons) ont été formés aux enjeux de l'intelligence artificielle, comprenant les bases de son développement, son utilisation entrepreneuriale et son impact dans le monde du travail. Ce programme, sanctionné par un certificat, consolidera un partenariat destiné à s'élargir progressivement à l'ensemble du territoire camerounais (en collaboration avec le ministère de l'éducation secondaire) et du territoire africain. L'objectif principal demeure l'insertion de la combinaison entrepreneuriat et intelligence artificielle au sein des programmes de formation secondaire en Afrique.